Métaphore paternelle
IV
Le Père est une métaphore, substitution dun signifiant à un autre signifiant
(Lecture de la séance du 15 janvier) Liliane Fainsilber
Jarrive donc, et non sans peine, presque à la fin de cette séance du 15 janvier sur la métaphore paternelle.
Après les trois questions quil a abordées [ questions des névroses sans oedipe et Surmoi Perturbations dans le champ de la réalité (psychoses et perversions) puis « génitalisation », c'est-à-dire le mode selon lequel on se reconnaît comme homme ou femme ] questions quil a abordées à la lumière de cette fonction du père [ le père dans la famille, le père selon sa structure ( névrose ou psychose voire perversion ) le père enfin dans le complexe ] Lacan dans les dernières pages de cette séance annonce quil va résumer tout ce quil a déjà déployé avec les trois registres quil a déjà utilisés dans le séminaire de la relation dobjet, ceux de la frustration, castration privation pour à nouveau montrer où ce trouve le point dimpasse : le fait que la privation de lobjet phallique pour un garçon est une issue catastrophique et proposer lissue de ce point dimpasse : « le père symbolique est une métaphore ».
Voici le schéma
Lacan indique donc que cest autour de lIdéal du moi que la question a été mal posée en effet il évoque à ce propos la composante damour pour le père qui introduit lenfant soit du côté du franchissement de ldipe avec acquisition de ses titres à la virilité, soit situation névrosante par le désir maintenu dêtre aimé de lui comme une femme, désir violemment refoulé en raison de la castration quun tel désir impliquerait.
Premier point : Lacan introduit la castration. Le père interdit limpulsion réelle, la manifestation de son désir. Il évoque lhistoire du Petit Hans, pour indiquer que justement la mère intervient aussi bien pour lui interdire de toucher à son fait-pipi. Cependant il y a intervention réelle du père concernant une menace imaginaire, mais cette interdiction est un acte symbolique. Lacan souligne ce paradoxe, le fait quau niveau de la castration, le père nest pas indispensable, pour interdire limpulsion réelle puisque la mère le fait aussi bien.
Second point : La frustration
Ce qui compte cest le fait que « le père interdit la mère comme objet. Elle est à lui, elle nest pas à lenfant », et là nous sommes au niveau de la frustration. « Cest sur ce plan que sétablit, à une étape au moins, chez le garçon comme chez la fille, cette rivalité avec le père qui engendre à elle seule une agression. Cest que le père frustre bel et bien lenfant de sa mère. Voilà une autre étape, un autre étage si vous voulez. Je vous fais remarquer que le père intervient comme ayant droit et pas comme personnage réel. Cest le père en tant que symbolique qui intervient, acte imaginaire, concernant là un objet bien réel, la mère.
Troisième point la privation Puis il y a le troisième terme qui intervient dans cette articulation du complexe ddipe qui est le père en tant quil se fait préférer à la mère, car cette dimension vous êtes absolument forcés de la faire intervenir dans la fonction terminale de ldipe, celle qui aboutit à la formation de lIdéal du moi. La question de Loedipe inversé et de sa fonction sétablit à ce niveau. Je dirais même plus, cest là que se centre la question tout à fait importante de la différence du complexe de castration pour la fille et pour le garçon.
Pour la fille ça va tout seul, quelle reconnaisse quelle na pas le phallus, cest tout ce quil y a bien. Pour le garçon, ce serait une solution tout à fait catastrophique. Il y a à nouveau une béance. Si nous maintenons ce schéma, le garçon lui devrait être toujours châtré. Il y a quelque chose qui manque qui cloche dans notre explication.
Essayons maintenant dintroduire la solution
Alors, alors ! devinez !
La solution est que le père, je ne dis pas dans la famille toute la question est de savoir ce quest le père dans le complexe ddipe, et bien le père nest pas un objet réel, même sil doit être un objet réel pour donner corps à la castration, alors quest-ce quil est ? Il nest pas non plus cet objet idéal parce que du côté de cet objet, il ne peut arriver que des accidents. Or quand même le complexe ddipe nest pas uniquement une catastrophe, puisque cest le fondement et la base de la culture.
Ce que je vous apporte aujourdhui et ce qui justement dapporter un peu plus de précision à cette notion de père symbolique (donc en rapport avec lacte de frustration imaginaire dun objet réel), le père est une métaphore.
Le père dans le complexe ddipe est une métaphore c'est-à-dire un signifiant substitué à un autre signifiant. Là est le ressort, lunique ressort essentiel du père, en tant quil intervient dans le complexe ddipe. Si ce nest pas à ce niveau que vous cherchez les carences paternelles vous ne les trouverez nulle part ailleurs.
Il manque encore trois pages pour terminer cette lecture presque ligne à ligne. Mais je les aborderais avec le second chapitre consacré à la métaphore paternelle. Je termine par contre sur une question : est-ce que dans le texte de Freud, Idéal du moi, le Moi et le Surmoi, on ne pourrait pas retrouver cette substitution métaphorique du signifiant de la mère par le signifiant du père ? Ou encore simplement est-ce que ce nest pas parce que le père se fait préférer à la mère que seffectue cette substitution ?
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