II
Les questions théoriques à propos de l'dipe
telles
qu'elles se sont posées dans l'histoire du mouvement analytique
(
séance du 15 janvier 1958)
Liliane
Fainsilber

J'ai continué
à avancer dans ma lecture de cette première séance
consacrée à la métaphore paternelle (séance
du 15 janvier 1958). Lacan avant d'entrer dans son élaboration
de ce qu'est la métaphore paternelle et de décrire donc
les temps de sa mise en place, évoque d'abord les points théoriques
qui ont été posés dans l'histoire de la psychanalyse,
points théoriques qui font grande difficulté, parmi eux,
un de taille, celui de la question de la sortie de l'dipe du petit
garçon alors que tout le prédispose à préférer
son père à sa mère, comme étant celui qui
a la phallus et donc à se faire aimer de lui, ouvrant ainsi la
question de l'dipe dit inversé dont Lacan nous indique
que tout est encore à dire.
Il commence par poser l'Oedipe découvert par Freud dès
" L'interprétation des rêves ".
- Cet Oedipe règle
le normal comme le pathologique.
- C'est la traversée de l'Oedipe qui assure "le normal".
- De même c'est un accident de l'Oedipe qui provoque la névrose.
Jusque là
tout va bien. C'est maintenant que les choses se compliquent. Lacan
énumère un certain nombre de questions qui se sont posées
par la suite, au cours des années et la question que je me pose
est celle de savoir si elles n'ont pas un point commun, qui les regroupe
toutes : la question du pré-oedipe. Il me semble en effet qu'il
apparaît au début de la série et réapparait
à la fin, quand Lacan nous indique qu'en raison même de
son nom, ce préoedipe n'est repéré en tant que
tel que dans un effet d'après-coup de l'Oedipe lui-même.
Donc ce dernier est ce qui régit tout le champ de la psychanalyse.
Et c'est à cette aune qu'on peut aborder :
1 - La question du surmoi féminin infantile, plus cruel et
plus persécutant que le surmoi paternel.
2 - La question de la névrose sans oedipe qui serait caractérisée
par une relation exclusive entre la mère et l'enfant. (Charles
Naudier )
3 - La question de la perversion et de la psychose, deux structures
caractérisées par une perturbation du champ de la réalité
par l'imaginaire. "Il s'agit toujours dans la perversion [ou dans
] la psychose, de la fonction imaginaire dans laquelle les rapports
imaginaires, même sans être spécialement introduit
au maniement que nous en faisons ici, pour tout un chacun, précisément
en ce sens que ce qui concerne l'image tout spécialement autant
dans la psychose que dans la perversion, est, bien entendu sous des
angles différents, autre chose [ c'est dans la psychose] une
invasion plus ou moins endophasique faite de paroles plus ou moins auditivées
; autre chose est le caractère encombrant, parasitaire d'un image
dans une perversion sans aucun doute. Mais il s'agit bien là,
dans un cas comme dans l'autre, de manifestations pathologiques dans
lesquelles c'est par l'image qu'est profondément troublé
le champ de la réalité".
4 - L'oeuvre de Mélanie Klein
Plus elle remonte aux temps pré-oedipiens extrêmement précoces,
l'enceinte du corps maternel, lieu de tous les dangers, comme en témoigne
l'histoire du Petit Richard, plus elle y retrouve la présence
du pénis paternel en tant que symbole.
"C'est bien là ce qui mérite de nous arrêter,
dit Lacan, à ce propos, au moment des rapports de la fonction
imaginaire, dans les premières étapes où peuvent
se rattacher les fonctions purement schizophréniques, psychotiques
en général et l'Oedipe. ... "Plus elle remonte, plus
elle se trouve sur le plan imaginaire, plus elle constate la précocité,
... la précocité du terme du ternaire paternel, ceci dès
les premières phases imaginaire de l'enfant ".
En résumé
: trois points sont posés dont celui de la " génitalisation
" ou de " l'assomption de son propre sexe "
Lacan reprend ensuite,
comme pour se repérer lui-même, chacun de ces points mais
d'une façon différente :
"Voila donc deux termes, deux pôles déjà définis
de cet intérêt autour de l'Oedipe : ce qui concernait d'abord
la question du Surmoi et des névroses sans Oedipe, et ensuite
ce qui centre la question de l'Oedipe autour de l'acquisition ou des
perturbations plus exactement qui se produisent dans le champ de la
réalité.
Donc premier pôle regroupe les points 1 et 2.
Le second, le points 3 et 4, celui des perturbations du champ de la
réalité dans le champ de la psychose et de la perversion,
tandis que le point 4, avec Mélanie Klein, sert de démonstration
concernant l'existence et surtout la mise en acte de la fonction de
l'Oedipe dans ce champ.
Lacan rajoute alors un troisième pôle, aux deux premiers
[ névrose sans oedipe, surmoi infantile] [perturbations du champ
de la réalité dans la névrose et la psychose] [celui
de la "génitalisation"]
Voici ce qui va centrer cette approche :
" Le complexe d'Oedipe ne l'oublions pas, au milieu de tellement
d'explorations, de questions, de discussions, ceci est passé
dans l'histoire au deuxième plan mais reste toujours implicite
dans toutes les cliniques, Le complexe d'Oedipe à une fonction
normative non pas simplement dans le structure morale du sujet ni dans
ses rapports ( sans doute avec la réalité (rajout)) mais
dans l'assomption de son sexe, c'est à dire quelque chose qui
dans l'analyse, comme vous le savez, reste toujours dans une certaine
ambiguité".
Je continuerai avec cette question de la "génitalisation"
donc avec ce troisième pôle nommé par Lacan.
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