A propos de la scène avec Melle Robert

questions sur les souvenirs d'enfance :

sont-ils toujours des souvenirs-écrans ?

Liliane Fainsilber

Ernst dit : « Je me souviens d'une scène de ma quatrième ou
cinquième année . qui a ressurgi clairement dans ma mémoire quelques
années après ».

A son propos, j'ai été relire - à la suite de Claire - ce que Freud
disait de ses souvenirs « dits » d'enfance dans son texte « Sur les
souvenirs-écrans » dans NPP au P.U.F.

La question que je me pose en effet est celle de savoir si tous les
souvenirs d'enfance sont des souvenirs-écrans, c'est-à-dire des
souvenirs qui ont été profondément modifiés parce que tronqués de
leur partie principale, élidée, la partie restante étant la plus
anodine, ayant le moins d'importance. Freud en a cette formule «
Pour me servir d'une comparaison populaire, une certaine expérience
vécue de la période de l'enfance acquiert de la valeur dans la
mémoire, non pas parce qu'elle est elle-même de l'or mais parce
qu'elle se trouve à côté de l'or ».

De l'exploration qu'il en fait à partir d'une enquête sur les
premiers souvenirs d'enfance, il s'avère qu'il y a des souvenirs
d'enfance dont le contenu le plus fréquent est celui d'événements
qui ont provoqué la honte, la peur, des douleurs physiques ou autres
choses semblables, « d'autre part des événements importants tels que
maladies, mort, incendie, naissances de frères et sours. On serait
enclin à admettre que le principe du choix mnésique est le même pour
l'enfant comme pour l'adulte. On comprend bien, encore qu'il faille
le mentionner explicitement que ceux des souvenirs d'enfance qui
ont été conservés doivent porter témoignage des impressions sur
lesquelles se portent les intérêts de l'enfant »

Donc à ces sortes de souvenirs d'enfance qui gardent pour ainsi
dire la trace de l'événement traumatique, source, point d'origine de
la névrose, Freud décrit une autre sorte de souvenirs qu'il appelle
souvenir-écran où l'événement traumatique qui a laissé sa trace est
camouflé sous un événement anodin en soi qui s'est trouvé être mis
en contiguïté avec lui.

Le souvenir d'enfance de Ernst semble appartenir à ce premier type,
mais est ce qu'il est, pour autant, si transparent à lui-même, son
aucune complexité, est-ce en somme le dernier mot de sa névrose ?

Ce qui nous met quand même la puce à l'oreille, c'est justement ce
qu'il a oublié, à propos de ce souvenir, le prénom de cette jeune
femme ce qui provoque pour Freud cette réflexion à l'emporte-
pièce : « Je l'identifie comme homosexuel »

Donc la question que je me pose est-ce qu'il y a des souvenirs
d'enfance qui ne sont pas des souvenirs- écrans ? Mais nous pouvons
laisser la question en suspens au besoin un grand bout de temps.

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