Notes du 2 janvier p.221

Le fantasme au hareng

Liliane Fainsilber



- J'indique pour les nouveaux venus, que nous travaillons actuellement Le journal d'une analyse de l'Homme aux rats. Nous en sommes aux notes qui sont datées du 2 décembre mais qui sont sans doute du 2 janvier, puisque les notes précédentes étaient du 28 décembre. En tout cas c'est P. 219 de mon exemplaire (puf)
- Je rappelle que dans les quelques jours qui précédent, Ernst a eu faim et Freud lui a fait apporter une assiette de harengs de la Baltique. Nous apprenons dans les lignes qui qu'il ne les aime pas et n'y a pas touché. Il n'empêche qu'on voit réapparaître ce hareng non consommé dans un fantasme transférentiel que nous pouvons donc baptiser " Fantasme au hareng ".
Il vaut la peine de l'aborder tout comme un rêve textuellement.
" Entre deux femmes, ma mère et ma femme, un hareng s'étend de l'anus de l'une à celui de l'autre, jusqu'au moment où une jeune fille le coupe en deux, après quoi les deux morceaux tombent (qui sont comme dépiautés) s'échappent des anus. "
Freud rajoute que la fillette est celle qu'il avait vu dans l'escalier et qu'il avait prise pour sa fille âgée de douze ans.
Il faut suivre le fil de ce fantasme au hareng car c'est une des variantes de son fantasme fondamental qui en tant que fantasme transférentiel aurait pu le mener loin, vers une issue favorable, quant à sa névrose.
- Mais en attendant de suivre ces fils dans les pages qui suivent j'ai remarqué qu'il y a quand même une sorte de calque, de transformation d'un autre fantasme que nous avons lu précédemment celui ou Ernst copule avec un ruban de merde avec la fille de Freud.
C'est p. 165 :
" Le plus merveilleux fantasme anal : Il est couché de dos sur une jeune fille (ma fille) et copule avec elle au moyen des excréments qui pendent de son anus ".
-De ce premier fantasme au second, il y a substitution de l'objet servant à la copulation, un poisson-phallus se substitue à l'objet anal.
Mais il y a aussi changement des personnages, dans le premier c'est Ernst avec la fille de Freud, dans le second, deux femmes, la mère et la femme de Freud, avec une troisième, sa fille. Mais cette fille n'est pas Anna, je vous laisse deviner qui elle est.
- Il faudra également replacer ce fantasme dans son contexte, ce qu'Ernst raconte peu avant, concernant la mort de leur médecin de famille, qui avait assisté à la mort de son père, plus deux fantasmes de viol de sa sœur Rita, celle qu'il avait lui-même attaquée, alors qu'il avait plus de vingt ans et elle dix huit ans, si j'ai bien calculé d'après les dates de naissance.
A propos de la phrase du père au sujet de Rita " Cette gamine a vraiment un cul de pierre " ce serait peut-être intéressant de savoir si en allemand aussi existe l'expression, non pas cul mais "cœur de pierre".
Voilà quelques pistes de réflexions en attendant la suite.

Retour notes du 2 janvier