Quand Freud demande
à Ernst une photo de la Dame
Début
de la huitième séance

La séance du jeudi 10 octobre qui serait donc la huitième
est consacrée à une énumération de toute
la série de ses commandements, autrement dit des idées
qui lui passent par la tête mais qu'il vit comme étant
des ordres.
Parmi ceux-ci certains ont déjà été racontés,
par exemple celui de passer tel examen à tel date ou encore celui
de se trancher la gorge avec un rasoir. Cependant il rajoute à
leurs sujets quelques éléments qui mettent déjà
un peu plus sur la voie de leur interprétation.
Pour ses commandements concernant les examens, il pensait que c'était
pour s'encourager à les passer plus vite, terminer ses études
et donc pouvoir plus vite épouser sa Dame. Or ceci est en totale
contradiction avec le fait que Ernst, comme nous l'avons appris, au
cours de la séance précédente, est un amoureux
éconduit. " Il la décrit comme étant une personne
au caractère entier. Elle n'est sans doute pas capable d'aimer
facilement et se réserve toute pour celui qui l'épousera.
Lui, elle ne l'aime pas ".
Dans les phrases qui suivent, il raconte même des rêveries
de vengeance à ce sujet, y compris, vengeance suprême,
qu'elle disparaisse, qu'elle meure.
Dans la suite de ces obsessions, je n'ai pas bien compris ce que vient
faire cet oiseau funèbre mis entre parenthèses. A qui
il attribue cette comparaison. Est-ce à lui-même ?
En tout cas, pour l'avoir entravé dans son désir de voir
sa Dame, il souhaite sa mort, et pour avoir souhaité sa mort,
il la mérite lui, du coup il veut se trancher la gorge. Cependant,
la punition arrive à sa conscience avant le souhait qui la justifierait.
A noter qu'il n'épargne personne, ses désirs de mort visent,
c'est le cas de le dire tout ce qui bouge autour de lui et même
son père mort depuis longtemps, puisqu'il peut même l'atteindre
dans l'au-delà.
Cette séance est plus intéressante à lire dans
les cinq psychanalyses. Elle est mieux élaborée.
Freud note de plus à propos de sa Dame qu'elle reste tout à
fait mystérieuse et il ne résiste pas à l'envie
de lui demander de lui apporter une photo d'elle. Cela crée un
certain remue-ménage chez l'analysant.
Il en mesure les effets dès le lendemain : Séance du Vendredi
11 octobre. Lutte violente. Journée malheureuse. Résistance
parce que je lui ai demandé d'apporter une photographie de la
dame, c'est-à-dire d'abandonner sa réserve à son
sujet ". De temps en temps, Freud oublie un peu la règle
qu'il a posée celle de l'association libre avec ce qui en est
sa contrepartie de la part de l'analyste : l'attention flottante. A
propos de cette dame, il ne la laisse pas flotter beaucoup. Il pousse
plutôt à la roue.
Liliane
Fainsilber
___________________
Liliane
l'oiseau funèbre est un terme dont sa soeur aînée
l'a affublé, c'est page 45 du journal ; et suit la précision,
de la soeur aussi? : "Il ne cesse de tuer des gens pour ensuite
pouvoir se faire bien voir" - par rapport à la séance
du 10/X : il pourrait faire le voyage et tuer la vieille femme, pour
ensuite voler au secours de sa dame (et s'en faire aimer quand même?)
Et puis il y a une phrase qualifiée de confuse page 33 (note
148) ; elle me paraît centrale dans la séance du 11/X :
"Une certaine superstition (1) agit encore en renforçant
une partie de sa toute-puissance (2), renforcée elle-même
par des événements vécus (3), comme si ses mauvais
souhaits (4) étaient parfois tout-puissants." (j'ai repris
la traduction des termes en italique pour rester au plus près
du texte allemand)
En la lisant dans l'autre sens, à l'envers en quelque sorte,
elle ne paraît pas si confuse je trouve : Il y a les mauvais souhaits
d'Ernst qu'il croit tout-puissants (1), certains événements
vécus (2) viennent le confirmer qui semblent en découler,
d'où chez Ernst ce sentiment de toute-puissance (3) étayé
encore par sa superstition (4) (- qui renvoie à son tour à
ses attitudes religieuses... )
Catherine Turpyn
_______________________
Retour Huitième
séance
Retour à
la suite de la discussion
retour lecture du
journal d'une analyse
|