L'agravation de la maladie et le deuil impossible du père

7ème séance : Marc Turpyn

Je vais essayer de résumer la façon dont je vois le déroulement de cette séance pour préciser la question que je me pose sur la fin; c'est à dire l'argument de Ernst que la mort de son père a agravé sa maladie, et la réponse de Freud.

Ernst revient d'abord en les niant sur les voeux de mort concernant son père évoqués dans la (les) séance précédente. Il pense que quiconque a de telles pensées ne mérite pas de vivre et lui même (la contradiction n'échappe pas à Freud) ne mérite rien d'autre.

Je me suis demandé à ce propos si Ernst, qui s'accable avant de se lancer à raconter ses méfaits, ne voulait pas anticiper, pour lui couper l'herbe sous le pied, sur une sentance qu'il imagine pouvoir venir de Freud, identifié dans le transfert au capitaine cruel. Freud, si c'est le cas, ne donne pas de prise suplémentaire à cette commence à évoquer ses souvenirs peu glorieux et Freud lui fait remarquer que sa bonne mémoire de ses mauvaises actions tient au fait qu'il tire de la jouissance de ses reproches.

Ernst raconte donc ses histoires avec son frère et sa dame et Freud essaye de le soulager, sans y croire et contrairement à son habitude, de sa culpabilité. Ernst reste sceptique devant les explications rassurantes de Freud et doute que ses mauvaises pensées viennent de son enfance. C'est là qu'Ernst parle de la mort de son père.

Je suis tenté d'entendre ce point comme ceci: " écoutez c'est bien beau vos histoires de voeux de mort à l'égard de mon père, mais moi ce que je peux vous dire c'est que ma maladie a largement empiré depuis qu'il est mort". Freud ne le détrompe pas. Il admet, dit-il, que cette mort participe de l'intensité de sa maladie.

La version publiée des cinq psychanalyses ne dit pas la même chose sur ce passage: Freud "admet que le chagrin d'avoir perdu son père est la source principale de sa maladie". Ce n'est pas pareil. Le journal me paraît plus juste par rapport à ce que l'on sait de la névrose de Ernst.

Cela dit, si j'envisage assez bien qu'il puisse y avoir un effet de la toute puissance de sa pensée, articulée à ses voeux de mort, dans cette agravation, j'ai l'impression aussi, sans pouvoir le préciser d'avantage pour le moment, que quelque chose change avec la mort de son père qui précipite ses symptômes. Le père de Ernst me paraît encore plus présent mort que vivant.

 

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