Des souhaits de mort de la part de Ernst


Au début de cette séance, Ernst revient à la charge et nie tout ce que Freud essaie de lui prouver par a + b : Il ne peut pas croire qu'il ait jamais eu ce souhait contre son père. Mais comme dans la séance précédente, la dénégation de cet éventuel souhait de la part de Ernst s'accompagne de remontée de souvenirs sur le même thème : Dans la séance précédente il s'agissait de l'idée que son père puisse mourir, dans cette séance, il s'agit de souvenirs liés à des souhaits de morts bien précis.


Comme pour la séance précédente, je propose un tableau, d'un côté Hans avec ses résistances, ses souvenirs, ses questions, de l'autre Freud, avec la théorie, les objections et les interprétations. cette fois, je laisse à Ernst l'honneur de mener la barque.



Ernst

Freud

Un souvenir de lecture

Il se souvient d'un roman de Suderman Deux soeurs qui lui avait fait une impression très profonde, et dans lequel une soeur, au chevet du lit de mort de l'autre, souhaite cette mort afin d'épouser son mari, puis se suicide.

Il apparaît que ce roman a fait une très forte impression chez Ernst, parce que lui-même pense mériter mourir pour de telles pensées.

Freud saute sur l'occasion pour montrer la contradiction de Ernst,

s'il n'a jamais eu ce souhait, pourquoi alors en mériter la punition ? Comme dans les séances précédentes Freud continue dans son zèle à démontrer à Ernst pourquoi il ne veut pas lacher le morceau et résiste.

. Comme à Dora, il expose les bénéfices secondaires du symptômes :

ici, l'apaisement par la souffrance, c'est à dire,la jouissance du symptôme Chez les malades il arrive que la souffrance leur apporte de l'apaisement, et qu'au fond, ils se refusent en partie à guérir.

plus loin :

Vous êtes un bourreau de vous même [...] et des reproches, vous tirez de la jouissance.


. il rappelle à Ernst de ne pas perdre de vue que le déroulement du traitement s'accompagne d'une résistance continuelle.

Rappel qui rejoint le premier commandement de l'analyse : tu parleras de tout ce qui vient !

Une action criminelle

dans laquelle il ne se reconnaît pas , mais dont il se souvient avec une entière certitude.

Avec son frère cadet

actuellement, il essaie de le dissuader d'épouser une femme, il a souhaité, pour empêcher ce mariage, aller tuer cette femme.

Ce qui laisse penser un lien assez fort entre Ernst et ce frère.

Autrefois

il a été jaloux de ce frère (plus fort que lui), et avant l'âge de 8 ans a voulu lui tirer un coup de fusil dans l'oeil, et après l'a vivement regretté, heureusement, il n'y a pas eu de mal.


Ernst, pour cette occasion, comme en séance 5, remarque le clivage entre cette action et son intention consciente de ne pas faire mal.


Je remarque que la jalousie entre Ernst et son frère sont un rapport de rivalité de puissance. ça me renvoie à l'intervention d'Isidoor sur l'hypothèse d'une inhibition due à cette rivalité, lorsque le sujet se met en position féminine, donc désirée du rival.


Freud fait le lien d'une autre scène de jalousie à propos de Melle Rosa qui a montré sa préférence pour son frère, ceci dans une comparaison de puissance sexuelle. (voir séance n°2)

On peut remarquer que ce souvenir est contemporain du désir de voir des femmes nues, et du fait que ses parents puisse lire ses pensées.







Freud relie ce passage à l'acte de l'enfance à l'absence de barrière, barrières qui se sont mises en place progressivement. C'est une occasion pour lui d'entériner le lien qu'il fait dans la séance 5 entre l'enfance et l'inconscient qui garde les souvenirs intacts.

C'est l'occasion pour Freud de poser encore l'hypothèse qu'il ait pu garder quelque chose de semblable vis à vis de son père.





Contre sa dame

Il a aussi connu d'autres élans de vengeance morbide contre la dame qu'il vénère tellement.

cette vengeance a pris deux formes :

-celle d'une rêverie où il épouserait une femme plus riche et irait la narguer. Mais le principe de réalité le ramène au fait que ce n'est pas possible, puisqu'il n'aime pas cette femme riche.

  • celle qu'elle devait mourir.

Il se trouve lâche du souhait de cette mort. Ce n'est pas très clair, pour Freud et encore moins pour moi.

On apprend à nouveau qu'il a connu cette dame un an avant la mort de son père, et dans la séance précédente, il a aussi envisagé la mort de son père comme moyen de conquérir cette dame (encore grâce à l'argent).

L'argent comme attribut phallique de séduction, moyen de combler cette rivalité avec son frère ?

En tous cas, Freud fait deux remarques dans le sens de l'apaisement de la souffrance de son patient (et se démarque par là du capitaine cruel) :

  • la décharge d'une culpabilité d'une action vécue dans l'enfance où il n'en était pas responsable.

  • La promesse d'une amélioration par le traitement.