Condamné
à la lâcheté...
Catherine Turpyn
L'effet que me fait
cette septième séance : c'est comme si Freud et Ernst
fouillaient ensemble dans la mémoire d'Ernst, et Freud n'a de
cesse de répéter à Ernst "Mais cherchez donc
un peu mieux, vous allez finir par re-mettre la main dessus, il y est
forcément, peut-être dans un coin oublié (ce souhait
de mort à l'encontre de votre père)..." ; et Ernst
retourne ses poches, et sous l'effet des incitations de Freud, des souvenirs
en tombent, des souvenirs coupables pour Ernst - mais un souhait de
mort contre son père, non... Le nud se désserre
très progressivement, avec l'émergence de ces différents
vux de morts.
Il en sort tout de même quelque chose, de cette fouille : la lâcheté
qu'il se reproche et qui ne semble pas très claire à Freud
; je crois qu'on pourrait la rapprocher aussi de celle(s) évoquée(s)
p.15 du journal dans la troisième séance (et non seulement
des passages cités dans la note 133, p.30) : Ernst parle ici
de deux pensées qui combattent en lui :
- l'une d'entre elles : il n'obéira pas à son serment
pour ne pas créer de désagrément à David
et pour ne pas passer pour un fou, par lâcheté, donc.
- l'autre : s'il tient son serment, ce sera pour trouver la paix face
à son obsession, par lâcheté, encore.
La lâcheté c'est le nom qu'il donne ici à ce à
quoi il se trouve réduit face à ses commandements, auxquels
il doit et ne doit pas obéir ; impossible...
D'ailleurs, ça rejoint ce qui se passe, quand il commet le crime
contre son frère : ce qui indéniablement le torture par
la suite - mais il cherche ça, puisque précisément
"des reproches il tire de la jouissance" (p.29)* - ce qui
le torture donc, c'est son INTENTION, et non le résultat - somme
toute sans gravité pour le frère visé - de son
geste...
Freud n'en n'entend pas moins la souffrance d'Ernst, puisqu'il cherche
à soulager sa culpabilité - avec ses explications sur
l'enfant qui serait à considérer comme irresponsable...
et même s 'il (=Freud) ne se fait pas d'illusions quant à
la portée de ses paroles rassurantes. Ernst tient (encore) trop
à sa souffrance...
*La même jouissance de culpabilité lorsque Ernst prononce
ces paroles, que Freud entend quasiment comme un aveu : "Il [Ernst]
comprend cela et trouve tout à fait juste de périr à
cause de ses pensées..." ; [donc, contradiction avec ses
paroles du début : "Non", il n'avait jamais eu ce souhait.]
retour
de nos lectures de la septième séance
|