Septième séance de l'homme aux rats Geneviève Abécassis
Dans la séance suivante,(la septième), tout en ne pouvant pas encore reconnaître ces vux de mort dirigés contre le père, il se situe tout à fait dans la perspective de Freud , et apporte du matériel en rapport avec sa haine meurtrière. Il commence à
évoquer cette haine en la prêtant à une autre que
lui , la jeune fille du roman qui selon lui n'a eu que ce qu'elle méritait,
la mort qu'elle s'est d'ailleurs donné elle-même. Le voyant s'approcher du but sans y parvenir encore, Freud lui rappelle comme s'il le disait pour lui-même que le traitement s'accompagne d'une résistance continuelle et au moment où Ernst commence à entrer dans le vif du sujet , avec un exemple de cette contradiction entre une image idéalisée de lui-même et un de ses comportements relevant de la haine et de la pulsion de destruction , il lui glisse au passage une interprétation de son symptôme ,comme s'il venait de comprendre tout d'un coup la fonction de ce symptôme .Dans le fait que sa mémoire ne cède pas et que la pensée de la mort du père peut être évoquée,ce n'est pas tant la représentation qui est refoulée mais l'affect accompagnant le vu de mort qui lui n'est pas reconnu et qui entretiendrait une certaine jouissance par le biais de la formation réactionnelle qu' est le reproche . Mais Ernst en est encore à l'apport de matériel , il passe d'un souvenir littéraire à un souvenir de son enfance, la rivalité entre deux surs ,héroines de roman fait place à la rivalité fraternelle entre Ernst et son frère cadet ( qui le dépassait en beauté ,en force et en pouvoir de séduction) auquel il avait eu " l'intention de faire très mal " .Et maintenant il est si bien avec lui qu'il irait volontiers tuer sa fiancée pour l'empêcher de faire une bêtise avec ce mariage Freud ne se contente pas de cet aveu, qui ne serait qu'une forme de déplacement du vu de mort du père sur le frère. Il revient à son cheval de bataille , se servant cette fois-ci des propos de Ernst concernant l'accomplissement d'une action dans laquelle il ne se reconnaît pas(l'agression contre le frère) et embrayant sur la possibilité qu'enfant il ait souhaité la mort de son père, tout en ne pouvant pas l'admettre actuellement Là encore Ernst ne réagit pas directement à ces paroles , mais il continue à démontrer sa tendance à la " criminalité ".L'exemple relève maintenant de ses productions imaginaires, de ses rêveries de conquête de la dame et de l'utilisation d'une autre femme vouée à la mort elle aussi quand elle deviendrait encombrante (ça me rappelle " Alice au pays des merveilles " et hop ,coupez-lui la tête "disait de manière répétitive la reine de carreau ,si je me souviens bien). Et c'est au moment où Freud se veut plus " rassurant ", en lui présentant des arguments destinés à atténuer sa culpabilité, arguments dont il dira lui-même : " je n'émets ces arguments que pour prouver une fois de plus leur inefficacité. Je ne puis concevoir comment d'autres psychothérapeutes affirment attaquer les névroses avec de telles armes "Cf.note P.219 qu'Ernst lui donnera l'occasion de retomber sur ses pieds en lui faisant observer que sa maladie s'est beaucoup aggravée depuis la mort de son père,,ce que Freud qualifiera de deuil pathologique. |