Sixième séance

Catherine Turpyn

 

 

Le refus d'y croire

Bonjour à toutes. Voilà où j'en suis de ma lecture... si vous pouviez
m'éclairer de là où vous en êtes...

« Il traite cet énoncé comme celui d’un crime de lèse-majesté où l’on applique la même peine lorsque qq’un dit :- Notre empereur est un âne.que lorsque qq’un dit :- Si qq’un dit... alors il aura affaire à moi. »

Ce pour quoi l’on est sanctionné (dans le cas du crime de lèse-majesté) c’est d’avoir formulé un contenu de pensée, c’est d’avoir envisagé un énoncé – fût-ce pour mettre en garde contre cet énoncé un autre à qui on le prête... en affirmant (comme dans la dénégation) : ce n’est pas moi qui le pense et ce n’est pas ça que je pense et d’ajouter ici encore pour preuve : j’irai(s) même jusqu’à m’attaquer à celui qui oserait formuler pareille chose... tout en dédaignant ostensiblement ses droits d’auteur en quelque sorte.
Ce qui est interdit, c’est de penser pourrait-on dire ; dans le cas de
Ernst ce qui serait interdit alors, c’est de désirer...

Le désir, la haine/l’amour pour le père et ... ce qu'il lui devrait

Là où ça devient plus compliqué pour moi, c’est quand je m’essaie à
démêler les rapports entre le désir d’Ernst (pour les filles, sa dame, sa
mère aussi, non ?), sa haine/son amour pour son père et ce qu'il devrait à ce dernier. Tout ça me paraît inextricablement lié....
Pour le moment je procède par étapes :

- le désir d’Ernst tout petit est mêlé de convoitise sensuelle et son
père apparaît comme gêneur qui l’empêche d’accéder aux objets/à l’objet de ses désirs (la mère ?) => colère et haine

- à 8 ans le désir d’Ernst, qui s’accompagne d’une pulsion scopique, fait naître de l’angoisse face à un père tout-puissant ( ?) qui lit dans ses pensées

- à 12 ans le désir se vide de tout contenu sensuel pendant que la
haine se voit « désaffectée », n’apparaîssant plus que sous la forme du résultat d’un simple « enchaînement de pensées » : et si... son père mourrait. Méconnaissance de la haine, du souhait de mort, grâce au « grand » amour naissant pour son père ;
la dette : Ernst devrait l’affection de la jeune fille à (la mort de)
son père

- 6 mois avant la mort du père Ernst envisage de s’imagine surmonter les difficultés matérielles qui le séparent de sa dame grâce à l’héritage de son père ; ceci entraînerait une dette vis-àvis du père à qui il devrait l’union avec sa dame ; dès que la haine (due à la dette, en partie ?) pointe le bout de son nez, Ernst la retourne contre lui-même, veut se voir déshérité... et range son père audessus du reste de l’humanité, l’être le plus cher au monde pour le bonheur duquel il serait prêt à tous les sacrifices (à ce prix-là il apparaît en effet comme très « cher »...)

- l’idée de la mort du père revient une troisième fois, la veille de sa
mort : « Je peux maintenant perdre ce que j’ai de plus cher. » suivi de l’objection : « Non, il y a une personne dont la perte te serait encore plus douloureuse. » Où en est Ernst à ce moment-là de sa dette imaginaire ? Cherche-t-il à la payer en envisageant la mort, la perte de sa dame ? Sa haine à l’égard du père paraît ici moindre – son amour pour lui également/parallèlement.

Petite remarque anecdotique : le lapsus du « neveu » remplacé par la « nièce », le « Neffe » par la « Nichte » m’a quand même fait penser – tout tendu qu’il est, Ernst, à rejeter, à nier ce que lui assène Freud – à un « nicht »+e, un "ne ...pas", donc.

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