Sixiéme séance

Catherine Turpyn

Question de haine

Pendant la lecture de la sixième séance, j'ai buté sur une réponse
que Freud fait à Ernst page 83 :"Parce que la présence est
absolument nécessaire pour qu'on tue quelqu'un." Tuer qui ...ou
quoi ? Ernst vient de demander dans le texte français "pourquoi, à
l'époque de cette dame, il n'a pas tout simplement décidé en lui-
même que la gêne apportée à son amour par son père N'ETAIT PAS INCOMPATIBLE [pas incompatible = compatible] avec son amour pour lui." Les choses m'ont paru plus claires en repartant du texte allemand : " warum zur Zeit dieser Dame er nicht einfach bei sich die Entscheidung gefällt, dass die Störung der Liebe durch den Vater gegen seine Liebe zu ihm NICHT IN BETRACHT KOMME."

"in Betracht kommen" signifie "être à prendre en considération" ce
qui donne une autre traduction : Il demande "pourquoi, à l'époque de cette dame, il n'est pas parvenu/n'a pas réussi à décider (...) que la gêne occasionnée (...) par son père N'ETAIT PAS A PRENDRE EN CONSIDERATION à côté de son amour pour lui." - à comprendre dans le sens suivant : son amour pour son père était sans commune mesure avec sa haine, quantité négligeable. Il ne s'agit donc pas de rendre compatible, de faire coexister son amour et sa haine pour son père, mais bien de faire taire, d'étouffer, d'écarter sa haine à coup d'amour. Je trouve plus claire à partir de là la réponse de Freud ; ne répond-il pas à Ernst, que pour se débarrasser de sa haine, il lui faudrait déjà commencer par l'admettre, la présentifier pour ensuite la tuer, lui tordre le cou - chose impossible in abstentia ?
Briser la résistance, lever le refoulement pour avoir accès au
moment où a surgi cette haine pour la première fois... immense.
A suivre...

Même question, même réponse

Liliane Fainsilber

Je me suis moi aussi posé cette question et j'ai trouvé la même réponse que vous, c'est de sa haine dont il ne peut se débarrasser car elle n'est pas présente.
Je reprends donc volontiers votre formulation :
"pour se débarrasser de sa haine, il lui faudrait déjà commencer par l'admettre, la présentifier pour ensuite la tuer, lui tordre le cou - chose impossible in abstentia ?
Briser la résistance, lever le refoulement pour avoir accès au
moment où a surgi cette haine pour la première fois... immense".

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