5éme séance

(Suite)

Liliane Fainsilber

 


je finis de lire et de commenter cette cinquième séance sur ces deux points, ce que Ernst appelle « désintégration de sa personnalité » et aussi sur le fait qu’il souhaite avoir commis, pour de bon, un crime plutôt que de continuer à vivre dans le doute de l’avoir commis. Peut-on lire ce souhait comme une façon d’en finir avec ce doute torturant ou est-ce autre chose qui intervient ? Au point où on est de l’analyse, on ne peut en décider.

1- « désintégration de la personnalité » et « clivage de la personnalité »

A propos de cette « désintégration de sa personnalité », mot choisi par Ernst, Freud lui apporte cette notion de « clivage de la personnalité » en deux lieux psychiques, le conscient et l’inconscient, entre ces deux lieux distincts, il répartit deux séries d’oppositions,

Conscient
Inconscient
Usure du conscient
Inaltérabilité de l’inconscient
Personne morale
Immoralité ( bande d’assassins)
Bien
Mal
Infantile
Sexuel


La jonction entre les deux se fait dans les deux sens, de l’inconscient vers le conscient. Comme l’indique Freud, « Les rejetons de cet inconscient refoulé sont les éléments qui entretiennent la pensée involontaire constituant sa maladie » autrement dit, ses obsessions, par exemple celle ‘avoir à se trancher la gorge.

Dans l’autre sens, c’est la découverte de la représentation refoulée, donc par l’interprétation. D’où la métaphore des fouilles de Pompéi, au cours desquelles, ce qui a été découvert disparaît, se volatilise. C’est ainsi qu’il illustre ou métaphorise, la disparition et de l’affect et du symptôme.

2 – Une modification de son symptôme qui reste énigmatique mais qui est en fit un moyen de lutter contre lui, analogue à ce mouvement de main qui rejetait le reproche en question. Avec cet « Aber » ( « Mais… », ou encore cette question « mais qu’est-ce qu’il te prend ? »

Début 1903, donc quatre ans après la mort de son père, il y a donc apparition de son reproche d’être un criminel, en réaction au fait qu’il dormait pendant que son père rendait son dernier soupir.

Ces reproches survenaient par accès de huit à dix jours puis disparaissaient jusqu’à l’accès suivant.

« Maintenant, il s’est en quelque sorte résigné, suppose qu’il a déjà commis la chose en question et se dit alors dans sa lutte défensive : « Tu ne peux de toute façon plus rien faire, puisque tu as déjà perpétré la chose ».

La dernière phrase de cette cinquième séance semble être en continuité avec ce qui précède. Mais je ne vois pas trop comment elle s’y articule : D’ailleurs Ernst ne le sait pas non plus puisqu’il se demande si cette modification n’est pas en rapport avec une autre vivance, donc obsession, quelqu’elle soit ? C’est pas clair du tout mais quand même ce qui mérite d’être retenu c’est le fait qu’il préfère avoir commis pour de bon un crime, plutôt que de craindre d’en faire un. Mieux vaut le passé que le futur. La crainte n’a plus lieu d’être, puisque le crime a déjà été commis.

Cette phrase nous permet d’évoquer un texte de Freud qui peut être éclairant par rapport à ces craintes de Ernst, il s’appelle « les criminels par sentiment de culpabilité ». Il est vraiment très intéressant car il donne une approche assez neuve voire inattendue aux questions de la délinquance et de la criminalité actuelle. Il se trouve dans l’ouvrage de Freud, « L’inquiétante étrangeté et autres essais ». Un de ses essais a pour titre « Quelques types de caractères » p.169, un chapitre III s’appelle ‘ « les criminels pas sentiment de culpabilité ».

Enfin cette approche ne concerne pas tout à fait Ernst puisque lui s’accuse de quelque chose qu’il n’a pas commis en acte mais simplement en pensée, tandis que ces criminels se débarrassent en acte de leur sentiment de culpabilité. Le seul point qu’ils ont en commun c’est d’essayer de se débarrasser de ce même sentiment très lourd à porter. Se faire punir pour cette faute, les soulage, les apaise.

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