Les effets d'une assiette de harengs Liliane Fainsilber
Deux actes hautement symboliques de Freud, au cours de cette analyse : l'apport de cette assiette de hareng et le fait qu'il lui donne à lire " La joie de vivre " de Zola, une autre nourriture.
Comme
si entre Freud et son analysant soudain était apparu un tiers, une instance
nourricière. Celle
concernant Dick est la plus apparente. Mais elle est beaucoup plus lisible dans
le texte officiel des Cinq psychanalyses p. 221. " Une autre des compulsions fut moins facile à élucider, ses liens avec la vie affective du patient ayant réussi à se dissimuler derrière l'une des associations superficielles, fait qui répugne tant à notre pensée consciente. Ce fut une compulsion à un suicide indirect, pour ainsi dire, et qui dura quelque temps. Un jour pendant une villégiature, il eut l'idée qu'il était gros et qu'il devait maigrir. Il se mit alors à se lever de table avant le dessert, à se précipiter en pleine chaleur d'août, sans chapeau dans la rue, et à gravir les montagnes en courant, pour s'arrêter baigné de sueur. L'idée du suicide apparut une fois sans déguisement derrière cette manie de maigrir ; un jour sur une côte abrupte, se forma en lui l'ordre de sauter en bas, ce qui eût été sa mort certaine. La solution de cette absurde compulsion, le malade ne la trouva que lorsque lui vint à l'esprit, un jour, qu'à cette époque son amie séjournait au même endroit aussi, mais en société d'un cousin anglais qui lui faisait la cour, et dont notre patient était très jaloux. Ce cousin se nommait Richard, et tout le monde l'appelait Dick, comme c'est la coutume en Angleterre. C'est ce Dick qu'il aurait voulu tuer (1). " Or rajoute le traducteur Dick, en allemand, signifie " Gros ". Deux remarques à propos de cette compulsion à maigrir qui est une compulsion au suicide déguisée : 1
- c'est d'une part le fait qu'elle arrive en association avec le fait qu'il a
eu faim et que Freud lui a fait apporter à manger. Donc en rapport avec
quelque chose qui est une intervention, je dirais même un acte de l'analyste.
Est-ce que Ernst ne pouvait pas l'entendre comme le désir qu'il mange et
donc qu'il vive ? A la fin de ces
notes on s'aperçoit que Freud à accomplit au cours de ces quelques
jours deux actes symboliques : cet apport de nourriture sous la forme de cette
assiette de harengs mais aussi une autre nourriture " Je lui donne à
lire la joie de vivre de Zola " ! Avec ce mot de la fin " Faut-il être
bête pour se tuer ! " Retour notes du 28 décembre Retour séances après séances de notre lecture du journal de l'Homme aux rats |