Commentaire concernant lavant- propos de Dora de Sigmund Freud
Laurence Quilès
Freud inscrit ce texte de Dora, fragment d'une analyse d'hystérie, dans une démarche entreprise dix ans auparavant et inaugurée par la publication des « Etudes sur lhystérie ». Il poursuit donc un travail de recherche quand à la cause et lhistoire dune maladie, lhystérie, et vient insister encore sur le bien fondé de ses découvertes, avec détermination. Il enracine son travail dans un désir de vérité. Son avant- propos est une argumentation, une plaidoirie .Il sagit pour lui de justifier, dune part la communication quil a faite des résultats de ses observations et dautres part de se repositionner semblerait-il par rapport à des exigences inadequates .Pour Freud deux difficultés se posent à lui :
- la particularité de lobjet même de sa recherche psycchanalytique par rapport aux autres objets de recherche scientifique :
Il regrette de navoir pas pu donner à ses confrères des résultats quils puissent vérifer, et revendique ainsi une méthode de travail définie par la science il en est bien lhéritier. Il est donc dans une position délicate , voire en porte - à -faux au regard de la science , a cause de la nature même de lobjet de son étude : le psychisme humain , ses conflits et leur étiologie sexuelle .Et effet , on obseverve pas lhomme comme sil sagissait de comprendre le phénomène de la gravité. Freud fait donc remarquer que dès le début de son travail, un problème dordre éthique sest posé à lui parce qu il a été question de lintimité sexuelle dune personne .Il se doit donc dêtre discret par rapport aux hommes et aux femmes quil écoute pour les préserver dindividus incompétents, mal intentionnés, lubriques. Il me semble quil cherche à ne pas mettre ses patients dans une position où ils seraient objet de jouissance dun autre. Cependant il ne peut se résoudre à ce quil considère être un mouvement de lachété en ne communiquant pas « à la science », cest à dire surtout aux autres malades, le résultats de ses recherches. Il affirme ici, son désir de médecin et de guérison du malade. Freud apporte une solution à la situation paradoxale dans laquelle il se trouve en communiquant les résultats de ses recherche et à la fois en preservant au maximum l anonymat de sa patiente. Il ne donne pas le véritable nom de celle-ci, ni des autres personnes de son entourage, ni des lieux dans lesquelles elle évoluait et nhésite pas à laisser passer quatre années avant la publication de son cas dans une revue spécialisée et en sassurant quun certain détachement sétait opéré chez elle. Freud revendique, dune part le fait de nommer la sexualité et davoir eu des discussions franches sur ce sujet avec sa patiente . Ici, se confirme encore le lien étroit entre langage et sexualité. Dautes part, il rejette et déplore laccusation dexcitation sexuelle. Il revendique encore ce quil appelle « les droits du gynécologue » : ce qui peut être interprété comme désir de savoir.
- les problèmes techniques : Les difficultés techniques de la communication du cas ont plusieurs sources : la première dentre elles concerne la difficulté de la retranscription elle-même. En effet, la prise de notes pendant la séance nétant pas ici appropriée parce que , dune part , elle troublerait la confiance de la patiente et , dautre part, lanalyste dans son recueil du matériel psychique . Cette retranscription , faite à partir du souvenir de Freud , à la fin de lanalyse et de séances où il était question de deux rêves et de leur interprétation , est possible parce que lanalyse de Dora est courte .La dimension de la verité est gardée. |