Technique analytique de l'époque
ce qui va me guider dans cette lecture du cas Dora, ce sont surtout les aspects de la technique psychanalytique de l'époque. Evidemment, ces éléments de technique que Freud nous laisse apercevoir, sont à articuler la théorie de l'appareil psychique qu'il construit, afin d'appréhender les psychonévroses, et plus particulièrement ce par quoi elles se laissent attraper, les symptômes. Il m'intéresse aussi de bien noter ce qui relève de la technique avec un analysant hystérique ; dans des textes plus récents, Freud dira bien que la technique élaborée d'abord avec des patients hystériques ne saurait être appliquée telle quelle aux cas de névrose obsessionnelle, pas plus qu'au cas de phobie. L'étiologie de l'hystérie est psychosexuelle (p. 6) :
des désirs sexuels refoulés vont donner naissance à
des symptômes (p. 2) ; ce qui est refoulé hors du conscient
devient pathogène (p. 8). Technique ' au début du traitement, Freud invite la malade à
raconter toute l'histoire de sa maladie et de sa vie, et repère
ainsi des lacunes et des énigmes (p. 8). Il y a chez Freud, à cette époque, l'idée de la
possibilité d'une solution complète de tous les problèmes
sans exceptions, mais pas dans ce traitement écourté,
qui fut celui de Dora (p. 5). Une note de 1923 précise qu'il
n'a fait que résoudre le conflit existant et que le traitement
n'a pu établir une barrière de défense contre les
états morbides ultérieurs (p. 7). Cette question technique
se retrouve en 1937, dans psychanalyse finie et infinie : est-il possible
de vacciner un homme pendant qu'on le traite pour un conflit pulsionnel
donné contre toutes autres possibilités de conflit de
cette sorte ? On s'occupe d'un conflit pulsionnel donné, on dénoue
ce conflit, mais qu'en est-il des autres conflits possibles ? Est-ce
qu'on peut s'occuper aussi des conflits qui se taisent pour le moment
mais pourraient bien se mettre à parler eux aussi à un
moment ou à un autre ? J'évoquais le fait que Freud demande à la malade de raconter
l'histoire de sa maladie et de sa vie ; notons aussi qu'il accorde autant
d'attention aux conditions humaines et sociales de vie qu'aux données
somatiques et aux symptômes (p. 10). Cette question de la façon dont le père prend part à cette analyse m'a particulièrement retenu de faire écho à ce que l'on peut rencontrer dans la clinique lorsque l'on reçoit des enfants ou des adolescents : bien souvent ils n'ont pas demandé à se trouver là, ce sont les parents qui les y ont amené, et ce sont eux aussi qui racontent les symptômes qui gênent (qui ? les parents ou leur enfant ?). Ici, le père de Dora l'amène à Freud parce qu'il
y a un transfert qui s'est mis en place quand ce dernier l'a soigné
(p. 11). Le père de Dora demande à Freud de la remettre dans la bonne voie (p. 16). ' Dora vient déranger quelque chose du côté du père qui fait qu'il se tourne vers un médecin qu'il estime pour lui demander de régler son problème, en rééduquant sa fille. C'est très actuel comme demande. Cordialement Arnaud Briand
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