Technique analytique de l'époque

 

 

ce qui va me guider dans cette lecture du cas Dora, ce sont surtout les aspects de la technique psychanalytique de l'époque.

Evidemment, ces éléments de technique que Freud nous laisse apercevoir, sont à articuler la théorie de l'appareil psychique qu'il construit, afin d'appréhender les psychonévroses, et plus particulièrement ce par quoi elles se laissent attraper, les symptômes.

Il m'intéresse aussi de bien noter ce qui relève de la technique avec un analysant hystérique ; dans des textes plus récents, Freud dira bien que la technique élaborée d'abord avec des patients hystériques ne saurait être appliquée telle quelle aux cas de névrose obsessionnelle, pas plus qu'au cas de phobie.

L'étiologie de l'hystérie est psychosexuelle (p. 6) : des désirs sexuels refoulés vont donner naissance à des symptômes (p. 2) ; ce qui est refoulé hors du conscient devient pathogène (p. 8).
Les rêves sont un moyen de remonter du symptôme à l'idée pathogène qui en est la source (p. 7) ; ils permettent d'élucider les symptômes, de comprendre les processus psychiques dans les psychonévroses, de combler les amnésies (p. 4).
Dernier point important, car ces amnésies sont dues au refoulement, et le traitement s'organise autour du fait de substituer à ces pensées inconscientes des pensées conscientes : substituer aux symptômes des pensées conscientes (p. 10)

Technique ' au début du traitement, Freud invite la malade à raconter toute l'histoire de sa maladie et de sa vie, et repère ainsi des lacunes et des énigmes (p. 8).
La fin du traitement sera atteinte lorsque l'histoire de la maladie sera compréhensible et complète (p. 9). Il s'agit de supprimer tous les symptômes possibles, de guérir les lésions de la mémoire (p. 10).

Il y a chez Freud, à cette époque, l'idée de la possibilité d'une solution complète de tous les problèmes sans exceptions, mais pas dans ce traitement écourté, qui fut celui de Dora (p. 5). Une note de 1923 précise qu'il n'a fait que résoudre le conflit existant et que le traitement n'a pu établir une barrière de défense contre les états morbides ultérieurs (p. 7). Cette question technique se retrouve en 1937, dans psychanalyse finie et infinie : est-il possible de vacciner un homme pendant qu'on le traite pour un conflit pulsionnel donné contre toutes autres possibilités de conflit de cette sorte ? On s'occupe d'un conflit pulsionnel donné, on dénoue ce conflit, mais qu'en est-il des autres conflits possibles ? Est-ce qu'on peut s'occuper aussi des conflits qui se taisent pour le moment mais pourraient bien se mettre à parler eux aussi à un moment ou à un autre ?
A cette question, il faut y articuler une autre : peut-on, dans le but d'un traitement préventif, réveiller un tel conflit pathogène ? Est-il réalisable et opportun, dans un but préventif, d'éveiller un conflit pulsionnel présentement non manifeste ?

J'évoquais le fait que Freud demande à la malade de raconter l'histoire de sa maladie et de sa vie ; notons aussi qu'il accorde autant d'attention aux conditions humaines et sociales de vie qu'aux données somatiques et aux symptômes (p. 10).
En outre, il est informé par le père du point de départ de la maladie (p. 15) ; mais, il ne s'autorise pas d'avis avant d'avoir entendu l'autre son de cloche (p. 17).

Cette question de la façon dont le père prend part à cette analyse m'a particulièrement retenu de faire écho à ce que l'on peut rencontrer dans la clinique lorsque l'on reçoit des enfants ou des adolescents : bien souvent ils n'ont pas demandé à se trouver là, ce sont les parents qui les y ont amené, et ce sont eux aussi qui racontent les symptômes qui gênent (qui ? les parents ou leur enfant ?).

Ici, le père de Dora l'amène à Freud parce qu'il y a un transfert qui s'est mis en place quand ce dernier l'a soigné (p. 11).
Dora ne vient consulter Freud que sur l'ordre formel de son père (p. 13) ; elle résiste (p. 14).

Le père de Dora demande à Freud de la remettre dans la bonne voie (p. 16).

' Dora vient déranger quelque chose du côté du père qui fait qu'il se tourne vers un médecin qu'il estime pour lui demander de régler son problème, en rééduquant sa fille.

C'est très actuel comme demande.
Je m'arrêterai là pour aujourd'hui, en gardant à l'esprit que la suite de ma lecture se fera autour de la question : comment Freud fait-il pour que Dora revienne au second rendez-vous et au suivant ?
' Que fait-il de la demande du père ?
' Comment Dora, qui n'a pas de demande semble-t-il au départ, s'engage-t-elle dans un travail analytique ?

Cordialement

Arnaud Briand

 

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cordialement,
Arnaud BRIAND